Pour dix longues années dans la nuit j'ai marché,
Dans la nuit de l'oubli, dans la nuit de la mort.
Je me relève enfin, par la lune éclairée
Et je m'oppose à vous sans crainte et sans remords.

Quittant votre lumière, je me suis égarée.
J'ai renié mon guide et m'en suis écartée.
J'ai perdu le chemin que vous m'aviez tracé.
Mais à l'enfer menait cette route dorée.

Vos étoiles de miel m'ont certes fascinée.
Mais j'ai compris bien vite où était l'artifice.
De leurs scintillements suis maintenant lassée.
C'était, je vous l'accorde, un beau tour de malice.

J'ai éteint la flamme qui sans fin me brûlait.
J'ai brisé le miroir, sans plus vouloir me voir,
Les débris de mon âmes à jamais enfermé
Et gelé pour toujours les fleurs de mon espoir.

Sous l'astre de la nuit, l'éternité prit fin
Les portes de la vie s'ouvrirent devant moi.
Je les franchis sans vous, je ne vous dois plus rien
Et j'entendis enfin le vrai son de ma voix.

Je ne vous en veux plus, j'ai appris le pardon
Où vous m'aviez jeté, dans l'ombre de la mort.
Même si du mentor ne portez plus le nom
J'avoue volontiers que je vous aime encore.

Pour dix longues années dans la nuit j'ai marché,
Dans la nuit de l'oubli, dans la nuit de la mort.
Je me relève enfin, par la lune éclairée,
Et m'avance vers vous sans crainte et sans remords.