Le cycle Bormelien - Instants de soleil

Des images me reviennent, comme un souvenir tendre...

Cela commence comme la chanson d'Anastasia... mais c'était samedi... Tout avait bien commencé, le soleil au-dehors promettait une journée merveilleuse, le lac jouait à se prendre pour la mer, l'air avait un parfum léger et fleuri qui sentait bon le printemps, la douce odeur des brownies cuisant au four m'enveloppait de chaleur. Mais, alors que je ne l'attendais pas avant deux jours, une terrible crampe me saisit et me plie en deux... Fichus problèmes féminins qui me pourrissent la vie un à deux jours par mois. La tête dans un casse-noix, le ventre dans une bétonneuse, je n'ai pas renoncé pourtant à aller à ce bal dont l'idée avait éclairé ma semaine pluvieuse...

Je ne regrette pas, même si pendant une danse j'ai vraiment cru que je m'évanouissais, heureusement Nati était là pour me faire boire un peu d'eau et me donner un peu de son energie. Quelques personnes m'ont ainsi aidée en me faisant partager un peu de leur soleil, mais ils ne le sauront jamais, ils m'ont fait oublier quel jour on était par une danse, une parole, un regard, un sourire...

Il y a des moments qui étaient tellement magnifiques que j'ai douté de les avoir vécu et cru les avoir rêvé, mais on ne sait jamais. C'est comme quand on voit les étoiles faire des clins d'oeils ou qu'on croit voler en valsant jusqu'à presque en avoir le vertige...

Ces images tourbillonnent dans ma tête, comme des danseurs, la musique me fait un bruit de fond continu, le rêve me porte encore à quelques centimètres au-dessus du sol, et je n'ai pas envie d'en descendre. Des instants se rappellent à moi à chaque minute, je ferme les yeux et je pourrais encore me croire dans cette salle... La musique est là et les musiciens sont réels, il va m'inviter à danser et m'emporter dans un souffle vers les étoiles... Ces belles étoiles qui brillaient si fort samedi, qui scintillaient comme une poudre d'or répandue dans une mer immense, des éclats de rire en paillettes...

Arrêtez, avais-je envie de dire quand j'ai dû partir... je veux rester, je veux danser, encore et encore, jusqu'à ne plus sentir le sol sous mes pieds, je veux sentir cette ivresse couler en moi comme du miel doux, je veux voir ces sourires et ces regards scintillants, encore et encore, je veux entendre cette musique m'animer et me porter au-delà de ce que je connais. Les belles choses ne devraient pas avoir de fin, et en sortant j'avais presque envie de pleurer de voir cette soirée s'achever, mais j'avais un sourire que je ne parvenais pas à effacer, malgré les douleurs de plus en plus fortes à mesure que je m'éloignais de la fête...

J'avais vu trop de belles choses en une fois pour les regretter déjà. Et sur le chemin du retour, j'ai revécu mille et mille fois les danses qui m'avaient le plus marquée, comme si le temps s'était soudainement arrêté pour que je puisse le faire, les yeux plongés dans les étoiles qui semblaient elles aussi rayonner et me regarder...

La douleur s'en est finalement allé avec le temps, mais les souvenirs restent et me bercent de leur douceur tendre, comme une valse sans fin. Certaines mélodies me reviennent en tête et m'emportent dans un nouveau tourbillon au-dessus des nuages qui tapissent le ciel et que je ne vois déjà plus, car le soleil brille dans ma tête et dans mon coeur*...

*Samedi soir, cela faisait rire Nati qui me répétait : "Stop shining!" ce qui me faisait rire aussi...
Note : D'ailleurs, pendant que j'écrivais ça, les nuages se sont estompés assez nettement...

Re: